L’aviation d’affaires : Zoom sur une industrie qui s'adapte
Aéronautique

L’aviation d’affaires : Zoom sur une industrie qui s'adapte

Si l'industrie du voyage traditionnelle et l’aviation commerciale ont ressenti les conséquences de la crise, leur consœur l'aviation d’affaires, a quant à elle, su tirer son épingle du jeu et s'adapter de façon cohérente. Une mutation des besoins qui a donné naissance à de nouveaux modèles et qui redessine les contours d’un marché plutôt habitué à la discrétion et réservé à quelques initiés.

Un secteur en pleine expansion

Tel un catalyseur de transformation, la crise sanitaire a entrainé avec elle une nette hausse de la demande pour l'aviation d'affaire. Rapide et fiable, elle est reconnue comme un formidable outil de croissance et de développement  au service des entreprises. En effet, les clients veulent aujourd’hui une flexibilité sur mesure, et pouvoir bénéficier de la souplesse et de la tranquillité d’esprit qu’offre ce type de transport. La question de la sécurité sanitaire est aussi à l’ordre du jour et encourage les voyageurs à choisir des modes de transports plus intimistes.
Preuve de cette expansion et de ce succès : en Europe, 2 000 aéroports et aérodromes accueillent des avions d’affaires, soit 10 fois plus que les aéroports uniquement ouverts aux avions de ligne, offrant ainsi une variété de destinations très appréciable.

Autre facteur majeur du succès et de la démocratisation de cette industrie, l’arrivée de jets moins coûteux. En effet, il n’est plus nécessaire de voyager en Bombardier ou Falcon, ou autre jet de grand luxe. Les compagnies misent aujourd’hui sur les avions à turbines (hélices) plutôt que sur les réacteurs. Ces appareils proposent des trajets équivalents au jet, possèdent des cabines pressurisées, et le coût d’une heure de vol est plus beaucoup plus abordable. Moins cher en exploitation donc, ils permettent aussi un rayon d’action plus varié et s’adaptent ainsi parfaitement aux voyages intra-européens.

D’autre part, les avions d’affaires présentent des niveaux de sécurité équivalents sinon supérieurs à ceux de l’aviation commerciale, ils flirtent avec la rapidité d’un jet, ils  s’adaptent aux différents terrains, en bref, l’industrie semble avoir trouvé un compromis idéal. Et ça fonctionne : depuis le début de l’année 2021, on assiste a une augmentation de 15 à 20% du secteur de l’aviation privée/d’affaires. La France est la première destination européenne pour les jets d’affaires, avec 157 départs en moyenne par jour, soit un total de 57 000 départs aériens sur l’année.

Autre grande nouveauté, la durabilité est actuellement au cœur des projets : en effet, l'aviation d’affaires mise aussi sur des voyages plus responsables et plus réfléchis, en collaborant par exemple avec des systèmes d’évaluation d’impact environnemental. Illustration avec le partenariat entre la compagnie Private Fly et 4AIR. 4AIR est une plateforme centralisée qui permet aux compagnies aériennes (et autres acteurs de l'aviation) d’échanger des compensations carbone pour réduire leur impact climatique. Une évolution considérable pour un secteur souvent décrié en la matière.

 

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L’air à la carte & sens du partage : la naissance de nouvelles stratégies

Si pour beaucoup, aviation privée rime avec jet rutilant, caviar et champagne, la réalité est tout autre. Ici, il est question de flexibilité et de rentabilité : autant pour les compagnies que pour les clients. En effet, l’aviation d’affaires n’est plus un luxe réservé à quelques « happy few ».  Souplesse et rapidité, pour rester sur ce créneau, les compagnies mettent au point des offres adaptées et toujours plus en phase avec les besoins des clients. Nous pouvons même parler d’une certaine « uberisation » de l’aviation.

Comme en témoigne Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de Luxe : « Désormais, l’utilisation d’un avion d’affaires est plus simple et plus accessible grâce au développement d’entreprises de location  à la demande ou grâce à celles proposant l’option propriété d’un jet, mais ce en formule de partage d’appareils ». Le principe est simple : un acheteur potentiel acquiert un avion en partage avec d’autres utilisateurs. La quote-part s’établit généralement en fonction du besoin du propriétaire. L’appareil est ensuite disponible selon la quote-part. Si, par exemple un propriétaire acquiert 30 % de l’avion, il a le droit de l’utiliser à 30% de son temps de vol.

Autre modèle, celui de la multipropriété : Plusieurs entreprises peuvent aussi s’associer pour acquérir un avion qui sera ensuite confié à une compagnie d’avions-taxis. Celle-ci se chargera de commercialiser les heures de vol non utilisées pour réduire les coûts d’utilisation. Enfin, l’entreprise peut acheter des heures de vol pour effectuer ses déplacements, des formules par abonnement étant également proposées. Il est important de noter que seulement 3 % des jets sont entre les mains de particuliers et que l’achat d’un avion en propre est de plus en plus rare, se  rentabilisant en moyenne qu’à partir de 400 heures de vol. La société américaine NetJets est le leader mondial en la matière, suivi par Jetfly ou encore la compagnie suisse Fly7. De nouveaux acteurs qui mettent leur flotte d’appareils à disposition, et adaptent toujours plus leurs services.

Par ailleurs, dans toute recherche de flexibilité, le modèle de travail change également. C’est le cas par exemple avec le statut des pilotes. Aujourd’hui de plus en plus de pilotes sont en freelance, et répondent à une demande ciblée en fonction de leur qualification. Une adaptation nouvelle pour ce secteur.

Avec plus de 17 000 jets d’affaires en service dans le monde et  des nouvelles modalités de voyages, l’aviation d’affaires tient ses promesses, et semble surtout ne pas avoir dit son dernier mot…

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