La mutation des domaines viticoles français
Œnologie

La mutation des domaines viticoles français

Balade en Solex, nuitée au milieu des vignes ou même initiation au labour à cheval... Oubliée la traditionnelle visite- dégustation, aujourd’hui les domaines français rivalisent d’inventivité pour proposer des séjours toujours plus ludiques. Entre valorisation du patrimoine viticole et enjeux commerciaux, analyse d’un tourisme ciblé, en pleine expansion :

 

Œnotourisme & expériences signatures

 

Longtemps dédié aux grands domaines et à quelques initiés, l’œnotourisme se développe aujourd’hui auprès de plus petits viticulteurs. Répondant à un besoin de proximité et de découverte de patrimoine de la part des clients, il rejoint également le concept de « slow tourisme » qui privilégie les rencontres, l’écologie, et les plaisirs de la table. En une dizaine d’années, les attentes du public ont changé, et l’offre touristique s’est structurée. Preuve en est avec la création, par certains territoires et en collaboration avec l’Etat, de véritables concepts pour attirer les visiteurs. C‘est le cas par exemple de La Cité des civilisations et du vin à Bordeaux (photo) ou de la Cité des vins de Bourgogne à Beaune qui à ouvert en 2019.

 

Les viticulteurs semblent s’être adaptés à ces nouvelles attentes :

Au Mas Amiel, dans le Roussillon, c’est une expérience à 360 degrés qui est proposée aux clients. De la découverte du terroir, au cycle végétatif, en passant par les méthodes de culture, la transmission est au cœur du procédé. On passe de la dégustation de millésimes anciens, aux randonnées pique-nique dans les vignes, ou à l’initiation au labour à cheval.

Toucher, sentir, expérimenter… C’est ce que propose, à 20 km de Bordeaux, le Château Smith Haut Lafitte à travers une visite intitulée « Dans les pas du vigneron »- Au cœur des vignes ou des chais, on s’exerce aux divers travaux viticoles, en fonction des saisons, pour mieux comprendre les multiples facettes du métier. Parallèlement, le domaine fait aussi la part belle à de jeunes artistes contemporains, en exposant leurs œuvres dans le forêt attenante (la Forêt des Sens) sorte de musée à ciel ouvert, et ce en accord parfait avec les éléments environnants. Un lien subtil entre nature, art et terroir.

A Pessac, au Château Pape Clément c’est la personnalisation qui est à l’honneur avec l’atelier B-WINEMAKER : De la phase de l’assemblage des différents cépages, jusqu'à la personnalisation de l’étiquette, on y confectionne sa cuvée personnelle et on repart avec. Satisfaction et souvenir marquant assurés. Des nouvelles approches qui poussent même certains domaines à proposer quelques acres de vigne à louer, et se chargent de vinifier les vins. Une manière innovante d’appréhender la viticulture en permettant aux amateurs de vivre comme des vignerons.

 

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Un marché stratégique et prometteur 

Vivre une expérience authentique, tel est donc le nouveau credo des domaines viticoles qui souhaitent attirer des visiteurs certes, mais aussi de potentiels clients. Chaque année, c’est près de 10 millions de touristes qui viennent à la découverte des vignobles français, représentant ainsi une dépense globale de 5,2 milliards d’euros.

 

Comme le précise Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de luxe : «  L’offre va continuer à s’enrichir et à se professionnaliser, car les enjeux liés à l’économie de l’œnotourisme sont essentiels, tant pour la valorisation des territoires viticoles que pour stimuler les ventes. »

 

Une clientèle à fort pouvoir d’achat qui souhaite plus qu’une simple « visite-dégustation » et qui dépenserait en moyenne plus de 200 euros dans le vignoble. Entre achat de vins, logements, repas, souvenirs … L'accueil d'oenotouristes pourrait également aider à développer les ventes de vin français et contribuer à réduire les intermédiaires.

Histoires, partages, terroirs et expériences, il semblerait que le secteur du vin français ai encore beaucoup d’atouts à dévoiler.