Broderies, ennoblissement, tissages, orfèvrerie, sertissage … autant de techniques et de métiers souvent dans l’ombre et qui sont pourtant le cœur battant du luxe. Pendant plusieurs années, on ne parlait que des « petites mains » sans pouvoir réellement les nommer. Le luxe rend aujourd’hui hommage à son artisanat et les métiers d’art sont l’objet de tous les regards.

 

L’excellence comme vecteur

Si les grandes maisons continuent de séduire une clientèle exigeante et mondialisée, c’est notamment parce qu’elles ont su mettre en avant des savoir-faire d’exception. Car, si derrière tout produit de luxe, il y a des artisans qui font vivre des traditions garantes d’excellence, le luxe se doit de le clamer haut et fort et surtout de préserver cette richesse. En effet plus qu’un simple gage de qualité, l'artisanat d'art représente des valeurs essentielles basées sur la pérennité et la création à l’état pur, indissociable de l’image d’excellence que véhicule le luxe. Un storytelling puissant et authentique dont les marques font l’éloge à travers des stratégies de communication parfois presque plus efficaces que le choix d’une égérie. Vidéos-reportages au cœur des ateliers, campagnes autour du savoir-faire, défilés hommage, portes ouvertes… L’idée de transmission d’un patrimoine qui lui est propre est plus que jamais présente pour le secteur du luxe : à l’image de la marque Cartier et sa Maison des Métiers d’Art, située à la Chaux-de-Fonds juste à côté de la Manufacture. Une dynamique tournée tout autant vers le passé – quand il s’agit de retrouver une technique, un geste, un rendu – que vers le futur, pour créer de nouveaux métiers ou adapter outils et pratiques à de nouvelles exigences. Marqueteries, gravures, email pâte d’or, émail filigrane ou granulation d’émail ? Autant de techniques traditionnelles, que la Maison des Métiers d’Art a développé ou fait revivre.

 

À l’automne 2020, c’est Chanel qui a ouvert un lieu consacré à ses Métiers d’art. Conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, le bâtiment de 25 000 m2 accueille des ateliers de création et de production, ainsi que de vastes jardins et des espaces sur-mesure. A l’avenir, c’est le groupe LVMH et son institution Arts-Talents-Patrimoine, qui verra le jour après la rénovation de l’ancien Musée des Arts et Traditions Populaires, au cœur du Bois de Boulogne. A travers ces univers dédiés, le luxe met en lumière tout sa puissance manufacturière, intrinsèque à son ADN et à l’exigence qui en découle.

 

Le savoir-faire comme expérience 

Autre vitrine d’un certain savoir-faire : les grandes maisons rivalisent de technicité pour sublimer leur boutiques et leur points de vente à travers le monde en les parant (parfois temporairement) de moulures spectaculaires ou de gravures texturisées et grandioses. L’immersion est globale et continue à l’intérieur avec une architecture et une décoration entre un musée et un showroom. Comme le souligne Thibaut de La Rivière, Directeur de Sup de Luxe : « Dior, Elie Saab ou encore Cartier, via cette valorisation des artisans-artistes, les maisons tendent aussi à promouvoir leurs magasins comme de véritables expériences et des lieux de culture. En effet, en réinterprétant les codes des galeries, elles donnent une autre dimension à leurs collections et établissent une relation unique avec leurs clients. » - C’est aussi une façon pour le luxe de miser sur un certain « retour aux sources », de recentrer ses valeurs sur des savoirs faires empreint de sens et d’histoire - Une dynamique qui semble faire ses preuve face à une société toujours plus connectée.