Souvent montrée du doigt comme étant une industrie polluante, la mode répond massivement en poursuivant sa transition écologique. De la production à l’approvisionnement jusque sur les podiums, il est aujourd’hui question d’engagement profond, de remise en question et de changement notable. Mais, au delà des paroles, comment l’industrie du textile et du luxe se responsabilise-t-elle concrètement ? Zoom sur les différentes actions liées à cette prise de conscience globale. 

 

Des programmes sur mesure et une vision d’avenir  

 

Face aux scandales à répétions et aux nouvelles attentes, la mode se doit de convaincre et de rétablir une certaine confiance. En juillet 2019, le conseil suédois de la mode avait annoncé l’annulation de la Fashion Week de Stockholm. Un acte exemplaire face à un format jugé dépassé : rythme trop soutenu, surproduction, surconsommation… Une situation critique pour l’industrie, mais qui a aussi su être un véritable incubateur d’innovation ; car la mode sait s’adapter, écouter et répondre aux attentes de ses clients. Et puisque les actes doivent suivre c’est désormais chose faite. Le 26 août 2019, en marge du sommet du G7, était présenté par François-Henri Pinault ( PDG de Kering) le Fashion Pact. Une coalition mondiale d’entreprises de la mode et du textile (luxe, prêt-à-porter, lifestyle et sport) ainsi que de fournisseurs et distributeurs engagés autour d’un tronc commun, centré sur trois thématiques : l’enrayement du réchauffement climatique, la restauration de la biodiversité et la protection des océans.

 

De Chanel à Salvatore Ferragamo en passant par Prada ou Burberry mais aussi par des marques de grande distribution comme le groupe Inditex ou encore GAP, tous ont signé ce Fashion Pact. Le groupe LVMH n’a pas souhaité en faire partie car de nombreux programmes en lien avec la protection et la sauvegarde de l’environnement sont déjà mis en place dans leur stratégie notamment via le programme « Life ». Une réponse claire, un engagement fort et surtout des stratégies d’avenir pour l’industrie qui souhaite montrer au monde que la mode prend ses responsabilités et agit.

 

Des scénographies sages pour des messages forts 

 

Et les engagements sont globaux. Car, à l’heure actuelle, tout est scruté à la loupe et les podiums ne font pas exception. En effet, un podium responsable cela passe aussi par un set design respectueux de l'environnement.

 

Mode & engagement écologique : Quand les podiums se responsabilisent 2

 

Lors de la Fashion Week printemps-été 2020 c‘est la maison Dior qui a innové en présentant un show engagé où les mannequins déambulaient dans une mini foret éphémère. Une scénographie bucolique en collaboration avec l'association "La Réserve des Arts" qui vise à replanter les 170 arbres utilisés sur le défilé dans des projets de végétalisations durables en Île-de-France. Et puisque le diable se cache dans les détails : l'électricité nécessaire au bon déroulement de la présentation a, quant à elle, été produite par des groupes électrogènes fonctionnant au colza.

 

Chez Louis Vuitton la tendance aussi était à la prise de conscience avec un défilé printemps-été parisien dont l’intégralité du décor à été donné à l'association ArtStock, qui recycle et valorise les éléments issus de la production artistique afin de préserver l’environnement. Mise en scène épurée et set designing en bois issu de forêts gérées durablement en France, la révolution semble bel et bien en marche.

 

Une volonté pour l’industrie de la mode et du luxe de changer en profondeur et de proposer des actions concrètes pour un avenir plus conscient et plus transparent. Autre exemple de cette responsabilisation grandissante : la griffe italienne Prada et son défilé masculin automne-hiver 2021 digital. Ici, pas de décor spectaculaire ou d’extravagance mais une scénographie minimaliste au storytelling durable. En effet, une fois démonté, ce décor trouvera une nouvelle vie dans différents pop-up de la marque. Il sera ensuite récupéré par une association milanaise qui revalorise les matériaux et chutes de tissus en les vendant ou les louant à des étudiants et des professionnels. Comme le rappel Thibaut de La Rivière, Directeur de Sup de Luxe : « Cycle court et revalorisation, les marques revendiquent leur démarche éthique en misant aujourd’hui sur des décors et des scénographies plus sages mais aux messages plus forts. Sans pour autant délaisser la créativité ni le rêve, il s’agit surtout d’une transition nécessaire et attendue. » L’engagement ? La tendance à ne pas manquer…