Durabilité, recyclage, éco-conception...La tendance aujourd'hui est partout de ne rien perdre et de tout transformer, pour notre bien et celui de notre planète. Et c'est bien sûr une attitude responsable adoptée par les plus grandes maisons de luxe !

 

Une question éthique ? C'est aussi une question de style qui ouvre la voie d'une nouvelle modernité. Les prémices de cette idée de recyclage, c'était dans les années 90, Martin Margiela fabriquait du luxe à partir d'objets trouvés. Puis au début des années 2000, John Galliano chez Dior lançait sa collection Clochards imaginée à partir de vêtements en papier journal, et en 2009, Stefano Pilati chez Saint Laurent créait une collection New Vintage, des pièces en séries limitées imaginées à partir de tissus des archives de la maison. Enfin, en 2010, la maison Hermès s'engage elle aussi dans le recyclage en lançant sa ligne Petit H, qui réutilise les chutes de matières de ses ateliers pour créer des accessoires et petits objets.

 

Collections vintage ou réutilisation de matériaux, réexploitation de stocks d'invendus ou remastérisation de pièces d'archives... La mode est un éternel recommencement, le recyclage en mode est très tendance ! Et toutes les marques y réfléchissent. On trouve même aujourd'hui de très belles jeunes marques de luxe éco-responsables qui s'engagent pleinement et dont l'économie circulaire est une philosophie. La créatrice Valentine Gauthier utilise de la laine recyclée et explore la possibilité de réaliser des jeans en fibre de cactus et des boots en cuir de champignon. Créatrice engagée, Marine Serre, après être passée chez Balenciaga, Dior et Margiela, a imaginé une collection Green line avec des pièces travaillées à 100% à partir de matières recyclées. Son message de sensibilisation pour l'urgence climatique est très fort, ses collections sont pensées comme des projets de transformation, dans lesquels elle travaille la déconstruction et la reconstruction de vêtements de seconde main. Autre créatrice importante, Gaëlle Constantini, pour qui « Porter le passé jusqu'au présent pour embellir le futur », et qui a, par exemple, réalisé des blouses à partir de la doublure des rideaux du Sénat.

 

Quant aux grands groupes de luxe, ces enjeux sont pris très au sérieux, et ils se sont dotés d'outils spécifiques pour réduire leur empreinte carbone, réduire leur consommation d'eau et réfléchir au maintien de la biodiversité. Le groupe LVMH a créé un indice (IPE) qui note les critères environnementaux et les émissions de CO2. Alexandre Capelli, directeur du développement durable chez LVMH, explique que « Chaque nouveau produit doit être meilleur que celui qu’il remplace ». Guerlain a ainsi allégé l’emballage de son soin Orchidée impériale. Dior privilégie le principe de recharge, très développé au Japon, et compte proposer cette année une recharge sur l’ensemble de ses soins et sur la moitié de ses parfums. L’emballage primaire pourra rester très sophistiqué et même lourd, mais il ne sera plus jetable.

Dans le groupe L'Oréal, le réutilisable est aussi une réalité. Les marques Armani, Saint-Laurent et Lancôme proposeront ce concept dès cette année. « Le consommateur gardera l’emballage primaire et incorporera des recharges beaucoup moins dépensières en ressources naturelles », souligne Philippe Thuvien, son directeur packaging et développement.

L'ensemble des marques de luxe s'orientent vers des conditionnements allégés, l'intégration de matières recyclées, l'utilisation de process générant moins d'énergie...et réfléchissent à la notion de cycle de vie.

 

Comme le souligne Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de Luxe, « Les marques ont bien fait de saisir dès aujourd'hui l'enjeu de cette tendance, car la loi sur les invendus sera appliquée en France dès 2021 »

 

 

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