Que font les grandes maisons du luxe de leurs invendus de la saison ? Bien sûr, il y a les soldes. Seulement voilà, dans ce secteur très convoité, ce n'est plus toujours une solution choisie par les  grandes maisons. Mais comme l'expliquent les spécialistes « Pour certaines maisons, solder un article c'est le dévaloriser ». Problème que rencontrent les grandes maisons de luxe comme Vuitton, Chanel, Hermès, Gucci, Burberry... et qui les empêchent de brader leurs produits.

 

Comment faire face aux conséquences économiques de cette décision ? Ces maisons ont trouvé des parades comme des soldes ultra – privées réservées soit à des clientes privilégiées, soit à leur personnel, elles s'adressent aussi à des magasins de déstockage en écoulant des invendus datant de saisons précédentes... Et solution ultime mais vrai tabou du secteur, la destruction de la marchandise.

 

Certaines marques comme Burberry ont déjà renoncé à la destruction des invendus, suite à un article choc paru en juillet 2018 dans la presse britannique, où l'on apprenait que la marque procédait à une destruction systématique de ses invendus textiles et cosmétiques. En 2017, l'équivalent de 20000 trenchs d'une valeur de 28 millions de livres sont partis en fumée.

 

Une nouvelle loi sur la chasse au gaspillage devrait bousculer encore les mentalités. Après les invendus alimentaires dont la destruction est désormais interdite, c'est au tour des invendus non alimentaires dont le textile ou les produits de beauté, d'être dans le viseur du gouvernement. La loi ? Une loi ambitieuse pour l'économie circulaire présentée au conseil des ministres au mois de juillet par la secrétaire d'état à la Transition écologique Brune Poirson, et pour qui « Produire pour détruire, c'est fini ».

 

Quel encadrement pour cette loi ? L'article 6 du projet de loi stipule que « les producteurs, importateurs et distributeurs de produits non alimentaires sont tenus de réemployer, de réutiliser ou de recycler leurs invendus » Mais comme le précise Maître Emile Meunier, le texte n'affirme pas noir sur blanc le principe d'interdiction de la destruction des produits invendus. Et on sait aussi que le gouvernement veut laisser du temps aux acteurs concernés pour se préparer aux conséquences de cette loi à venir, avec deux échéances, fin 2021 quand il existe une filière de recyclage et fin 2023 pour les autres.

 

Quelles sont les réactions ? L'industrie de la mode prépare ses arrières. La fédération de la haute couture et de la mode a commandité un groupe de travail, ce sujet étant spécialement sensible pour le monde du luxe qui veille scrupuleusement au circuit de distribution de sa précieuse marchandise. Le problème sera sûrement évoqué en août prochain dans le Fashion Pacte, une mission confiée par le président Macron à François Pinault, président de Kering, pour fédérer l'ensemble du secteur autour de vraies décisions et d'engagements pour la préservation de la planète. Selon François Pinault, « Nous devons penser à l'intelligence collective car nous sommes dans une situation d'urgence »

 

Pour Thibaut de La Rivière, directeur de Sup de luxe, « Si le luxe continue à nous faire rêver, c'est aussi qu'il répond aux plus hautes exigences, comme celle de la sauvegarde de notre planète »